La Ferme des Animaux

Le film

Année :1954
Réalisé par :Joy Batchelor, John Halas
Durée :1h13
A partir de :dès 8-9 ans

Synopsis

A la ferme du Manoir, les animaux travaillent sans relâche du matin au soir, sous les ordres de Maître Jones, un fermier violent et alcoolique. Un soir, ils se réunissent autour du Vieux Major, un sage cochon conscient de vivre ses dernières heures. Celui-ci exhorte ses amis à refuser de continuer de se faire exploiter. « Lequel d’entre nous, après une vie de dur labeur, goûtera les plaisirs d’une aimable et calme vieillesse ? » leur demande-t-il. Ses paroles rencontrent un large écho. La révolte gagne tous les animaux de la ferme. Sans attendre, ils chassent leur maître, rebaptisent la ferme « Animalville » et instaurent une société nouvelle, basée sur l’égalité entre tous les animaux. Hélas ! La soif de pouvoir de certains « quatre pattes » ne tarde pas à menacer l’utopie naissante…

Bande Annonce

Best-seller de George Orwell paru en 1945, La Ferme des animaux est aussi le premier long métrage d’animation anglais, qui s’est hissé rapidement parmi les grands classiques. Chose rare à l’époque, le film ne s’adressait pas qu’aux enfants. Le couple d’animateurs britanniques Joy Batchelor et John Halas se singularisait ainsi dans le champ de l’animation alors mondialement dominé par les studios Disney, dont les films se destinaient avant tout aux très jeunes spectateurs.
Graphiquement, les animaux d’Animalville ne sont pas si différents des créatures disneyennes. Ici aussi, le dessin est lisse et harmonieux. Le petit caneton maladroit ressemble d’ailleurs à s’y méprendre à ses congénères palmipèdes rejetant le vilain petit canard (1939). Mais la comparaison s’arrête là, car La ferme des animaux lorgne plutôt du côté de La Fontaine que de celui de l’oncle Walt. A Animalville, les animaux s’interrogent sur les conditions de leur survie, tiennent un meeting dans la grange, refusent les funestes auspices qu’augure une vie passée sous la coupe d’un fermier autoritaire et particulièrement patibulaire. La ferme bruisse de mille plaintes, de mille cris de protestation : ça caquète, ça bêle, ça meugle. Seuls les porcs sont doués de parole, traits communs aux humains, ennemis des animaux.
Fable à la portée universelle, le film restitue l’histoire de leur révolution, raconte leur capacité à s'organiser pour bâtir une société nouvelle fondée sur des principes égalitaires. Comme le livre, il porte une réflexion sur l’égalité, la liberté et les méfaits du pouvoir. Un groupe de cochons tyranniques aux velléités dictatoriales détruit peu à peu l’espoir collectif… jusqu’à leur célèbre formule (« Tous les animaux sont égaux, mais certains sont plus égaux que d’autres »), qui marque la fin de l’utopie.
La palette de couleurs employée fait écho à l’état d’esprit des animaux, passant de l’espérance à l’abattement. Elle oscille entre des tons dorés et clairs lorsque l’espoir renaît et que les animaux se mettent à l’œuvre tous ensemble, et des teintes bien plus sombres. Sous les cieux troublés, la ferme du Manoir est alors un îlot de désolation livré à la grisaille. La grange, lieu de rassemblement, est plongée dans l’obscurité. Les bipèdes (autrement dit les humains) ont le teint terreux et la mine franchement sinistre. L’expressivité des animaux accentue le climat inquiétant et délétère : effroi de l’âne Benjamin en train de perdre son ami Hercule, panique des poules, grossièreté des cochons et de leurs chiens cerbères menaçants…
Contrairement au livre d’Orwell, le film s’achève sur une note optimiste. Certaines subtilités du texte n’ont d’ailleurs pas résisté à l’épreuve de l’adaptation. La cruauté des cochons envers les animaux qu’ils trahissent est un peu manichéenne là où, dans le livre, certains animaux sont aussi victimes de leur crédulité ou de leur coquetterie. La Ferme des animaux n’en est pas moins un excellent film accessible aux enfants, dès 9 ans. Il suscitera aussi l’intérêt des adolescents et des adultes, qui pourront identifier les figures politiques qui se cachent derrière les personnages des animaux : Boule de neige désignait Trotsky ; César (Napoléon dans le livre), Staline…

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