Dans l’œuvre prolifique de Walt Disney, Merlin l’enchanteur est considéré comme un film mineur. Pourtant, ce long métrage n’a pas vieilli et propose une libre adaptation du roman de T. H. White L’Epée dans la pierre (1938) avec beaucoup d’humour et de légèreté.

Bien que centré sur le personnage de Merlin, le film se propose d'être le récit initiatique d'Arthur dit « Moustique » à cause de son jeune âge et de son physique rachitique ! Merlin choisit d’en faire son disciple en prenant en charge son éducation : apprentissages et leçons sont donc au centre du film. Wolfgang Reitherman expose en quelque sorte son traité d'éducation à travers la relation entre Merlin et Moustique. Ainsi, le magicien va montrer l'importance des expériences intellectuelles et pratiques dans l'apprentissage, car on peut en tirer des leçons. Moustique est donc mis à l'épreuve dans des scènes aussi impressionnantes que drôles comme par exemple la scène où, transformé en poisson, il doit combattre un gros brochet en faisant appel à la réflexion. Merlin explique qu'il faut « user de brillantes qualités intellectuelles contre la brutalité aveugle de la force physique ». D'ailleurs, la magie de ce dernier ne résout pas les problèmes. En effet, cette éducation, malgré la qualité de magicien de l'éducateur Merlin, n'est pas basée sur cette dernière. C'est la mise en danger des deux personnages qui les fait évoluer, pour le plus grand bonheur des spectateurs qui ne sont pas au bout de leurs émotions ! L'intelligence et la gentillesse sont ce qui différencie le petit Arthur de son père et son frère, personnages brutaux et grossiers. Pourtant, c'est bien son frère qui se destine à retirer la fameuse épée. Y arrivera-t-il grâce à sa force physique ?

Bien qu'il en détienne toutes les qualités (barbe blanche, son âge, son vocabulaire riche), Merlin n'est pas assimilé à un vieux sage soporifique. Personnage haut en couleurs, il est extrêmement attachant. A la fois maladroit et étourdi, il peut compter sur l’aide d’Archimède, hibou grognon mais très instruit qui vous fera rire aux éclats. L'humour est d'ailleurs omniprésent dans le film. Tout d'abord à travers les chansons, et notamment « Higitus Figitus », qui telle une formule magique, permet à Merlin de faire rentrer toutes ses meubles et affaires dans sa valise. Ls frères Sherman (les compositeurs) ont su créer de drôles de mots à consonance latine, signes de l'érudition du personnage. Les anachronismes aussi nous font sourire : le travail à la chaîne au Moyen-âge comme ensorcellement ou encore le saut dans le temps au XXᶱ siècle de Merlin qui revient de Saint-Tropez en short et lunettes de soleil !

Enfin, petits et grands seront fascinés par le combat de Merlin avec Madame Mim, sans doute la séquence la plus marquante du film où les transformations bestiaires sont aussi impressionnantes qu'ingénieuses. Vous l'avez compris, tout comme Merlin, ce film saura vous enchanter !