Année : | 2011 |
Réalisé par : | Joann Sfar |
Durée : | 1h40 |
A partir de : | 10 ans |
Dans le Maghreb des années 1920, un chat pas tout à fait comme les autres, vit en toute quiétude aux côtés du rabbin Sfar et de sa fille Zlabya, dont il est éperdument amoureux. Un beau jour, alors qu’il vient de croquer « accidentellement » le perroquet de son maître, le félin se trouve subitement doté de parole ! Il se met alors à questionner les croyances et les pratiques religieuses des hommes, causant bien du tracas au rabbin. Pour ne rien arranger, ils font bientôt la rencontre d’un jeune juif russe en exil, qui ne pense qu’à une chose : partir en quête d’un Jérusalem imaginaire. Accompagnés d’une galerie de personnages tous plus farfelus les uns que les autres, le chat et le rabbin se lancent dans un long voyage qui va les mener à la découverte de l’autre…
Joann Sfar nous livre avec Le chat du rabbin une adaptation réussie de sa bande-dessinée à succès et offre une seconde vie, cinématographique cette fois-ci, à son matou préféré ! Un vrai régal pour les amateurs des albums et une belle découverte en perspective pour les néophytes !
A travers ce conte philosophique, il nous fait vivre un voyage à la fois culturel et temporel, en nous plongeant dans l’Algérie des années 1920, pour mieux nous parler de religions et de spiritualité. Parler, c’est bien de cela dont il s’agit, car la parole occupe ici une place primordiale, se faisant tantôt dénonciatrice, piquante ou apaisante, si tant est que l’on soit capable de l’entendre. A travers la figure du chat, fantaisiste mais totalement irrésistible, Sfar imagine un personnage qui n’a pas sa langue dans sa poche. Posant sur le monde qui l’entoure un regard aiguisé, il s’amuse à questionner de manière impertinente les dogmes des êtres humains. On rit de ses « pourquoi » à répétition, qui, loin d’être candides, visent à bousculer les certitudes des hommes. Si le film fait mouche, c’est également parce qu’aucun personnage, ni aucune croyance ne sont épargnés ! Tout est tourné en dérision, avec toujours beaucoup de bienveillance et d’humour, excepté lorsqu’il s’agit des fanatiques religieux.
Le film est aussi un vrai régal pour les yeux ; on retrouve avec joie le coup de crayon si plaisant de Joann Sfar ! L’atmosphère d’Alger est merveilleusement rendue grâce à une palette de couleurs chatoyantes et une musique envoûtante. Et que dire du casting - de haut vol ! - et de l’interprétation tout en justesse de François Morel, prêtant sa voix au chat ! Une véritable réussite.
Ce long métrage est tout bonnement un film humaniste, au discours vivifiant et plein de positivité ! A travers le voyage initiatique de personnages hauts en couleurs, Sfar nous lance une invitation salvatrice à nous ouvrir au monde et à partir à la découverte de l’autre, pour mieux vivre ensemble. Cette œuvre saura à coup sûr susciter de nombreuses discussions avec les jeunes spectateurs, permettant ainsi de les faire parler du monde dans lequel ils vivent et où ils ont également leur rôle à jouer…
Cinéma jeune public et ciné-club. Films de qualité depuis 1926.